Inclusion systématique: des situations dangereuses!

Dans les écoles de l’Aude comme ailleurs, le bilan de la politique d’inclusion scolaire indifférenciée des élèves en situation de handicap est de plus en plus désastreux. Encore une fois, la presse se fait l’écho de situations dangereuses, cette fois c’est à l’école de Lavalette. Mais des situations comme celle-ci il en existe de nombreuses dans le département. Le SNUDI FO 11 s’est adressé au DASEN pour qu’une place à 100% en établissement spécialisé soit trouvée pour cet enfant afin que les élèves et les personnels puissent venir à l’école dans un cadre serein (voir courrier plus bas)

Faites nous remonter les situations d’inclusion scolaire inquiétantes, nous devons agir!

C’est une inclusion à tout prix, mais surtout à moindre coût, en effet elle:

  • dégrade les conditions de travail des personnels et d’apprentissage de tous les élèves ;
  • bafoue le droit des élèves les plus fragiles en les privant des conditions de scolarisation adaptées à leurs besoins notifiés par la MDPH ;
  • leurre les familles.

Le constat de cette rentrée est pire que les années précédentes :

  • Il manque des AESH à peu près partout. Rares sont les écoles et collèges épargnés par cette pénurie. La volonté de généraliser la mutualisation de l’accompagnement au détriment des notifications individuelles ne parvient même plus à le dissimuler, baisser le nombre d’heures d’accompagnement ne suffit plus. La DSDEN est directement responsable de cette situation !
  • L’administration refuse de nous donner les chiffres des places manquantes en IME et en ITEP. Mais il semblerait que dans le département 400 enfants soient en attente d’IME et que plus de 100 élèves soient en attente d’ITEP. On comprend bien qu’avec “l’école pour tous” ces enfants sont scolarisés par défaut soit en classe ordinaire, soit en ULIS. 

L’État applique une politique de « mutualisation »… Traduction : une baisse drastique des moyens !

Cette défaillance de l’État dans son devoir de respecter les notifications de la MDA entraîne une maltraitance généralisée et des mises en danger si graves que les personnels les signalent par centaines dans le Registre Santé et Sécurité au Travail.

  • Les enseignants subissent des bricolages internes, des visites d’intervenants variés qui tentent de gagner du temps en leur expliquant comment donner des réponses pédagogiques à des problèmes médicaux non pris en charge.
  • Les AESH sont déplacés brutalement au gré des urgences, afin d’assurer la priorité donnée aux accompagnements individuels qui, mécaniquement, se font au détriment des accompagnements mutualisés, pour lesquels aucun quota d’heures n’est exigé.
  • Les AESH sont surchargés en accompagnant jusqu’à 10 élèves, se retrouvent à surveiller seul un élève incontrôlable dans les couloirs ou dans une salle fermée.
  • Les écoles maternelles sont devenues des antichambres de l’inclusion sauvage et forcée, tant les délais d’attente pour la reconnaissance du handicap ou sa prise en charge sont un désastre, tant la médecine scolaire est inexistante, tant la médecine libérale est surchargée,
  • Les inspecteurs, eux aussi démunis, tentent « d’écoper » en conseillant les arrêts maladie aux personnels, en diminuant le temps scolaire ou en changeant les élèves d’école. Les symptômes diminuent un temps, mais c’est un pansement sur une jambe de bois !

L’État feint de vouloir recruter des AESH et les laisse dans la précarité.

Si le recrutement d’AESH à hauteur des besoins est une nécessité urgente, il ne sera pas possible tant que ces personnels seront maintenus dans la précarité. Il est donc nécessaire de satisfaire les revendications :

  • de mise en place d’un statut de fonctionnaire avec un vrai salaire à temps plein pour 24h d’accompagnement.
  • d’abandon des PIAL et des PAS.

Mais cela reste insuffisant si on laisse de côté la question des établissements sociaux et médico-sociaux, au prétexte qu’ils seraient des lieux d’exclusion.

Cet argument n’est qu’un prétexte servant à couvrir le désengagement de l’État : la scolarisation en établissement spécialisé coûte 7 fois plus cher qu’à l’école publique. Cette diminution des places en établissement spécialisé au profit de dispositifs mobiles entraîne la multiplication des notifications d’accompagnement individuel. Les moyens en AESH étant limités par les enveloppes budgétaires mais également par la pénibilité et la précarité du métier, l’accompagnement n’obéit plus aux besoins mais seulement aux moyens. Dès lors, les accompagnements mutualisés se font à dose homéopathique (1h hebdomadaire étant le seuil « légal »), ou ne se font pas, sans que les parents en soient informés.

La fausse bonne idée : Et si la solution était que les enseignants et les AESH soient mieux formés ?

Au-delà d’un certain degré de handicap ou de troubles, ni un enseignant ni un AESH aussi bien formés soient-ils ne pourront jamais remplacer un soignant. L’argument de la formation est un autre piège pour pouvoir ensuite faire porter la responsabilité des difficultés sur les personnels. Défendre les droits des personnels et en particulier des AESH, c’est refuser qu’ils soient placés dans des conditions de travail intenables sur des accompagnements individuels parce que les élèves sont trop en souffrance. Défendre les droits des AESH et des enseignants, c’est donc exiger le respect de leurs missions, et le respect des notifications de la MDA !

NOS REVENDICATIONS URGENTES :

  • Ouverture de places ITEP/IME et de places SESSAD
  • Créations de postes d’enseignants spécialisés dans les établissements sociaux et médico-sociaux
  • Recrutement de tous les enseignants spécialisés, Psy EN, pour restaurer des RASED complets pour 800 élèves.
  • Recrutement des AESH nécessaires.
  • Recrutement de médecins et infirmières scolaires.

La FNEC FP-FO réaffirme :Nous sommes pour l’inclusion en classe ordinaire à chaque fois que c’est possible, et la scolarisation en établissement spécialisé chaque fois que c’est nécessaire et notifié par la MDA. La FNEC FP-FO intervient à tous les niveaux et poursuit la résistance face à cette mascarade d’inclusion scolaire systématique et forcée, qui s’aggrave chaque année et fait des ravages dans nos écoles.